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Les Rêves
04:01
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Les Rêves
Alors petit, réveille toi, à quoi pensais- tu ? A rien, Monsieur...
Assis sur un nuage de coton hydrophile, léger comme une plume, il rêve
Seul au milieu du ciel où nul ne peut l'atteindre...
Une nuée de papillons bleus qui virevoltent le frôlent de leurs ailes mousseline ;
Soudain un vent glacé souffle le nuage, le rideau se déchire et une main s'accroche
Le jette dans un gouffre sans fin, ongles brisés, regards de feu, démons tordus
Le cauchemar le prend et le renverse, il ne peut plus bouger
Tel un oiseau aux ailes brisées qui palpite et vacille...
L'instant d'après l'enfant s'envole au-dessus des vagues,
Plonge et glisse dans l'eau au milieu de bulles multicolores
Communique avec ceux qui ne sont plus dans des lieux inconnus et magiques
Et parle des langues que lui seul peut connaître et nul ne devine
A peine maître de ma vie, je ne suis pas maître de mes rêves
Tout petit à l'école chaque fois j'oublie mes livres et mon cartable
Professeur tête de chou me fait mettre à genoux
Je suis puni, mais mon crayon se transforme, devient une fleur et s'épanouit...
Châteaux en Espagne, riche ou libre et sans le sou
Une fille aux yeux miroirs et aux cheveux d'or
Me prend par la main et m'entraîne en chantant vers de profonds mystères,
Je suis capitaine d'un navire en plein vent toutes voiles dehors autour de la planète...
Puis soudain le temps m'emporte, ma barque dérive
Sur l'eau noire et profonde du fleuve de l'oubli
Tout se mélange et m'écrase, je rêve que je suis éveillé
Couché au fond d'un trou, seul, aveugle et sourd...
Les rêves sont notre seconde vie, à nous seuls ils appartiennent ; si endormis
Nous en sommes les rois ou les esclaves, éveillés nous en sommes les maîtres.
Souvent à travers eux s'évader des prisons ; inventer l'impossible,
Fuir dans la déraison, même si à la fin ils résistent et se brisent ...
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Les Trains
03:28
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Les Trains
Années 1960...
Au petit matin...une gare...comme une autre...elles se ressemblent toutes ;
A mes pieds, le long ruban d'acier luisant annonce mon premier voyage en train
Et je reste là, seul, sans bouger, saisi par la peur et le froid, j'attends...
Un vent glacé traverse le quai sous ce long couloir mouillé de verre sale
Que parcourent a pas lents quelques silhouettes emmitouflées ;
Un sifflement lointain perce le voile sombre de la nuit
Et soudain, déchirant le silence, la bête apparaît à mes yeux d'enfant
Chenille monstrueuse tirée par un dragon de feu
Fer contre fer hurlant et se paralysant dans des gerbes d'étincelles
La machine halète en panaches de fumée blanche incandescents au feu des réverbères...
Je déteste les trains... tellement prévisibles, observateurs insensibles
De joies et de chagrins avec pour seuls témoins des mouchoirs et des mains
Qui s'agitent et disparaissent du bord des quais devenus vides...
Inlassablement, dans son tac-tac lancinant, le train déroule ses arpèges
Ponctués par les sifflets devinant l'enfer des gueules noires des tunnels.
Je déteste les trains...
Années 2000...
Avec le retour vers le jour éclaté, mon âme d'enfant s'est envolée
Je suis bercé dans un cocon climatisé en paysages- technicolor à peine devinés...
Le feulement sourd des wagons sur les rails est seulement troublé par la voix sereine
D'une hôtesse annonçant dans des haut-parleurs que nous roulons à 300 Km/h...
Nous disposons d'un mini-bar, d'un restaurant et d'un espace réservé téléphone
A bord de notre train à grande vitesse, si nous le désirons bien entendu …
Le progrès... je déteste les trains.
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3. |
Jeux de Rôles
03:03
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Jeux de rôles
Jeux de rôles, drôles de jeux si singuliers au milieu des pluriels
Carnaval de Venise, je glisse sur la Tamise
Je m'envole vers New- York, indigestion du monde
Je veux être un mendiant ou le roi des planètes
Mélanger les couleurs repeindre l'univers
Alter ego je veux être quelqu'un ou sinon personne...
Quand je serai grand, je serai aviateur pompier gendarme ou voleur...
Rien ni personne ne traversera ma route
Et tu viendras avec moi, petite fille aux yeux bleus
Blottie dans ma cabane en carton avec ta robe chiffon
L'enfance nous tournera le dos comme disent les grands
Le père Noël s'effacera, plus de choux plus de roses
Et les cigognes s'envoleront vers des cieux plus cléments.
Pourtant en chacun de nous l'enfant signe et persiste
Qui cache soigneusement ses genoux écorchés
Et ses culottes courtes dans des costumes bariolés
Et l'on vit jour après jour dans cette multitude
Le rôle du gendarme ou celui du bouffon
Et nous courons sans arrêt dans nos habits trop grands
Se cacher d'être et plutôt paraître, nous jouons notre vie de théâtre menteur
Riches, pauvres, prédicateurs en tous genres englués dans nos principes
Jeux de rôles, drôles de jeux si singuliers au milieu des pluriels
Le feu des projecteurs nous éblouit puis finit par s'éteindre
Fragiles éphémères privés d'espoirs et de nos fiers costumes
Nous laissant seuls avec nos vieilles écorchures...
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4. |
Les Mots
03:45
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Les Mots
J'ai toujours essayé de peser mes mots ; difficile me direz-vous
Car certains lancés au visage pèsent plus lourd que jetés sur une page,
Lourds de sens uniques ou de sens interdits...
J'aurais tant à vous dire, mais je cherche mes mots
Les mots clés de fa ou de sol qui finissent en clés des champs
Et s'envolent comme des papillons jetés au gré du vent
Il y a même les mots sans remède, les mots insensés,
Tous ces mots qui se croisent et ne se rencontrent pas
Car même si nous parlons la même langue nos mots n'ont pas le même sens...
Il y a les mots-clés qui ouvrent toutes les portes ;
Mais je me méfie toujours des gens qui parlent trop
De ceux qui parlent à l'endroit mais pensent à l'envers...
On s'échange des petits mots timides ou des mots grande gueule,
Ceux que l'on voudrait dire mais que l'on n'ose pas
Pourtant un regard suffit parfois à se dire ce qu'un mot ne dit pas
Des mots pour ne rien dire et ceux qui en disent long
Les mots qui nous échappent qu'on ne rattrape pas
Ceux qui sonnent faux, qui balbutient et s'éteignent enfin
Les mots qu'il vaut mieux taire, qu'on risque de regretter
Les mots justes qui foudroient et vous laissent sans voix
Les mots que l'on regrette et qui nous font si mal
Ces mots couverts qui ne présagent rien de bon
Silex tranchants comme des lames de rasoir
Qui annoncent l'orage sous des nuages noirs
Enfin ces mots qui ne signifient rien mais que l'on se dit quand même
Qui s'entrechoquent et se brisent comme se brisent les cœurs
Dans les rochers à marée haute sur les souvenirs amers...
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5. |
La Déchirure
03:22
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La Déchirure
Je reste planté là au milieu d'une chambre vide
Avec la trace de ton parfum comme un dernier reproche
Et cette photo de toi figée comme un adieu
Je me retrouve entre les murs froids
Avec dans la tête tous ces mots qui éclatent,
Cette porte qui claque et m'arrache le cœur...
Avant de se quitter, j'aurais aimé te dire
Mais laissons là les mots ; se taire, ne plus parler
Et caresser ta main une dernière fois
Je n'oublierai jamais le jour où tu as posé ton regard sur moi, ton idem ...
Mais que l'on soit homme ou femme
Pourquoi meurt-on d'aimer sans mourir tout à fait...
J'aurais voulu te murmurer reprenons le chemin ;
Je suis, tu es mon ombre, mon autre moi, mon semblable mon pareil...
Et si un jour tu te retrouves seule, pense à moi qui regrette
Je te cherche encore dans mes nuits d'insomnie
Avec dans la tête tant de mots qui éclatent
Cette porte qui claque, et m'arrache le cœur...
Comment peut on dire qu'un amour fou dure toute une vie
Le verbe aimer se décline de tant de manières
Une rencontre, l'âme sœur sans laquelle rien ne peut plus exister
Et le temps perfide qui s'immisce et nous détruit peu à peu
L' habitude s'installe, pire ennemi de nous deux
Et on finit le chemin, ensemble ou séparés, amis ou ennemis...
Vieillir, voilà la belle affaire, mais pourrons nous aimer
Jusqu'au dernier matin ; de chagrin en chagrin, finies les déchirures,
Nous atteindrons enfin la rive pour ne jamais revenir...
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6. |
Méditez, méditez...
03:11
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Méditez
Coups de cafard, tous les jours se ressemblent, on en a marre
De la ville, de la pluie, du brouillard ; c'est décidé, on part...
On va fermer les parapluies, ouvrir les parasols
A nous le soleil, le sable chaud, les pays de rêve et les ciels infinis...
On se laisse tenter, on franchit le premier pas vers la liberté... Sourires prometteurs, dépliants rafraîchissants de papier glacé
Le Club ; séjours all inclusive, en sécurité, tout est prévu d'avance,
Gens de couleur uniquement au service de vos désirs particuliers...
Logo trident de Poséidon, le dieu qui calme les tempêtes
Le Club, Société pour bobos privilégiés qui fera de vous des GM confirmés ;
Rien à décider, juste une petite formalité, carte premier first class exigée
Merveilleux laissez-passer vers de merveilleux pays ensoleillés... méditez, méditez...
Sous le vent chaud des cocotiers et la mer bleue lasse à nos pieds ;
On sommeille au cœur d'un monde étrange ; on vit au Club... méditez méditez
A travers le brouillard des cocktails exotiques on entend des flonflons bizarres
Des bruits de tambours venus d'ailleurs ; nous, on a un DJ et les GO à nos pieds...
Comme des zombies venus d'ailleurs ils nous regardent derrière les grilles
Danser, boire et manger ; regards étranges de gens qui nous dérangent
Parce qu'ils habitent trop près d'ici, mais ils ne peuvent pas comprendre
Ils sont différents, enfin pas pareils, et puis...nos valeurs ne sont pas les mêmes...
Tu es tout bronzé, mais d'où viens-tu ? d'un petit paradis dissimulé derrière des murs
On s'est éclatés, on a trop mangé, trop dansé en sécurité au Club... méditez, méditez...
On est restés entre nous, dehors, aucun intérêt, on a tout ça dans nos quartiers
Ah si...un petit vélo en fil de fer fabriqué par un enfant ; Missié, s'il vous plaît...
Je lui ai donné un euro...je pense que c'était bien suffisant
D'ailleurs, là-bas, ils n'ont aucune notion de l'argent
Ils ont bien de la chance, passer toute leur vie au soleil sans travailler
Mais nous on devait rentrer au pays...métro,boulot, enfin, quoi, tu sais...
Méditez, méditez...
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Claude Villières France
Musique depuis de nombreuses années, divers groupes, musique pour le théâtre, musique à l'image et puis...j'ai écrit des textes que j'ai accompagnés de musiques que j'ai composées, jouées et enregistrées.
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